Figures marquantes et mémoire vive : Châteauneuf du Faou au fil de l’Histoire

Si l’histoire de Châteauneuf du Faou est foisonnante, quelques personnalités se détachent, par leur impact ou les témoignages laissés dans la pierre, l’art ou la mémoire orale.

• Paul Sérusier (1864-1927) : Peintre phare du mouvement nabi, proche de Gauguin, il s’est installé durablement dans la commune dès 1892 et y a réalisé une part fondamentale de son œuvre. Sa vie ici a profondément marqué le visage culturel du territoire.
• Jeanne Malivel (1895-1926) : Créatrice et illustratrice, native de Loudéac mais mariée à un médecin castelneuvien, elle a contribué au renouveau de l’art breton moderne. Son implication locale est régulièrement évoquée dans les initiatives culturelles.
• Joseph du Rusquec (1866-1940) : Maire de la commune et parlementaire, il a œuvré pour la modernisation urbaine au tournant du XXe siècle, après un grand incendie en 1886 ayant détruit une bonne partie du centre.
• La famille Rohan : Leur château féodal, dominé par la célèbre chaussée des lavoirs, rappelle l’importance de cette lignée ducale dans l’histoire locale, particulièrement du XIIe au XVIIIe siècle.

Cet ancrage historique ne se limite pas à des noms. Il rayonne à travers lieux, traditions et initiatives pédagogiques.

La transmission de la mémoire à Châteauneuf du Faou passe d’abord par un patrimoine matériel d’une grande diversité, où chaque génération apporte sa lecture et sa valorisation.

Monuments et plaques : jalons de mémoire

• L’église Saint-Julien : Cette église remarquable, reconstruite au XIXe siècle, abrite des vitraux dédiés à différents personnages locaux. Plusieurs plaques commémorent des soldats de la commune morts durant la Première et la Seconde Guerre mondiale (sources : Monuments aux morts - Université de Lille).
• Le monument Paul Sérusier : Inauguré en 1948 au jardin public du Quai Tollé, ce monument honore le peintre et ses liens étroits avec la ville. Des parcours pédestres lui sont dédiés avec des panneaux explicatifs (source : Info Office de tourisme).
• La tombe de Joseph du Rusquec : Située au cimetière paroissial, elle est le point de départ de plusieurs visites patrimoniales guidées.

Maisons et lieux chargés d’histoire

• La maison natale de Jeanne Malivel : Bien que privée, elle reste identifiée comme un repère lors des Journées du Patrimoine (source : Association Jeanne Malivel).
• Le château des Rohan : S’il n’en subsiste aujourd’hui que quelques vestiges et terrasses, des études archéologiques et des panneaux retracent son importance stratégique et symbolique jusque dans la Révolution.

Le maintien et la restauration des édifices, plus ou moins visibles, permet ainsi d’ancrer la mémoire dans le paysage quotidien.

Loin de se contenter de la préservation matérielle, Châteauneuf du Faou mise également sur le dynamisme associatif pour faire vivre la mémoire de ses figures historiques.

• Les Amis de Paul Sérusier : Cette association organise régulièrement expositions, conférences et ateliers sur le parcours de l’artiste. Un circuit d’art public (« Sur les pas de Sérusier ») attire plusieurs centaines de visiteurs chaque été (source : Office de tourisme et site de la mairie).
• Patrimoine et Histoire de Châteauneuf : Ce collectif local édite brochures et guides, et anime des sorties mensuelles. Leurs publications lient biographies de personnalités et découverte de lieux pour éveiller la curiosité des habitants.
• Les bénévoles des Journées du Patrimoine : Chaque année en septembre, environ 400 visiteurs participent à des visites guidées et à des temps d’échange sur les figures historiques locales, mêlant anecdotes, objets et archives (source : Comité Départemental du Tourisme 29).

Ce tissu associatif permet le renouvellement constant de la transmission, en impliquant jeunes et anciens autour de projets collectifs.

Châteauneuf du Faou bénéficie d’équipements et de projets muséographiques contribuant à ancrer la mémoire locale dans une expérience accessible à tous.

Musée Paul Sérusier : immersion au cœur de la vie artistique

Le « petit musée Paul Sérusier », installé dans un espace dédié de la mairie, présente des esquisses, des lettres et des documents d’archives retraçant la présence du peintre dans la commune. Des lectures d’extraits de sa correspondance permettent d’entrer dans l’intimité de l’artiste. Près de 900 visiteurs ont été comptabilisés en 2023, selon la mairie.

Expositions temporaires et art dans la ville

• Salons d’artistes locaux : Chaque été, la salle Angle-Guérin accueille des expositions mettant en valeur le travail de descendants ou d’héritiers stylistiques des grands artistes locaux.
• Installations dans l’espace public : En 2022, une fresque géante inspirée de Sérusier a été inaugurée sur le mur de l’ancienne poste, réalisée par des scolaires en partenariat avec des artistes.

Ces événements ponctuels renforcent l’ancrage des figures marquantes dans l’imaginaire collectif. Ils attirent un public large, notamment les familles et les scolaires.

La mémoire ne se limite pas à l’écrit ou au monument. À Châteauneuf du Faou, la transmission passe aussi beaucoup par l’éducation et l’échange entre générations.

• Écoles primaires et collège : Des ateliers pédagogiques sont proposés chaque année, associant découverte du patrimoine bâti et biographies de personnalités. Par exemple, en 2023, près de 120 élèves ont participé à des ateliers « Paul Sérusier, dans l’œil d’un enfant ».
• Collecte de témoignages : En 2020, un projet intergénérationnel a abouti à la création d’un livret regroupant récits d’anciens sur la Reconstruction et la mémoire du Second Conflit mondial à l’échelle de la commune.
• Soirées contes et veillées bretonnes : Initiées par l’association d’animation locale, elles invitent conteurs et familles à partager, au fil de la lampe à pétrole, histoires et anecdotes sur des habitants célèbres, souvent méconnus.

Par ce biais, la mémoire se transmet naturellement, par la voix, le geste et la curiosité partagée.

Les calendriers festifs de Châteauneuf du Faou intègrent régulièrement des moments spécialement conçus pour valoriser l’héritage des grandes figures communales.

• La Fête de la Nef : Tous les deux ans, ce rassemblement mêle balades en bateau sur l’Aulne et déambulations théâtralisées autour des personnalités locales. En 2022, une pièce évoquait la venue de Gauguin dans la commune.
• Semaine du patrimoine de Pays : Organisée chaque printemps, elle propose des ateliers d’écriture et de musique inspirés par les œuvres de Sérusier et les écrits de Malivel.
• Marché de Noël historique : Les commerçants, costumés en personnages marquants (notamment figures féodales ou du XIXe siècle), contribuent à une atmosphère ludique de transmission vivante.

Ces manifestations mêlent le plaisir de la fête à une pédagogie informelle, permettant à la mémoire collective de perdurer et de se renouveler.

Rien n’est figé à Châteauneuf du Faou. La mémoire des figures historiques vit aussi de l’engagement des habitants et de l’écoute des envies nouvelles. Plusieurs chantiers témoignent de cette dynamique :

• Consultations citoyennes : Dès 2021, la concertation autour d’un futur « parcours mémoire » a mobilisé habitants, artistes et élus pour mettre en lumière de nouveaux récits, au-delà des seules figures éminentes.
• Numérisation des archives : Via le partenariat avec le Conseil Départemental, des ressources sont désormais disponibles en ligne, dont plus de 120 photos anciennes commentées, interviews audio et journaux municipaux (source : Archives départementales du Finistère).
• Valorisation de figures oubliées : Depuis 2023, l’école primaire Saint-Julien travaille sur un projet autour des résistants de la commune pendant l’Occupation, jusque-là peu valorisés.

Entre héritage, récit collectif et innovation, Châteauneuf du Faou incarne un village où la mémoire n’est jamais figée. Elle évolue, s’élargit et se façonne au quotidien, au gré de ceux qui l’aiment et la vivent, sous le regard bienveillant des pierres et des rivières.